Marché immobilier : comment se porte le moral des agents immobiliers ?
Baisse du pouvoir d’achat, hausse des taux de crédit, difficultés d’emprunt, nouvelles obligations imposées par la transition énergétique… Alors que le secteur immobilier connaît un ralentissement depuis plusieurs mois et fait face à l’incertitude sur l’avenir, Opinion System a décidé d’interroger ses adhérents pour sonder leur état d’esprit dans ce contexte difficile. Le point sur le moral des agents immobiliers et leur sentiment sur les perspectives à venir.
S’il est encore tôt pour parler d’un effondrement du marché, l’heure est plutôt à la morosité chez les agents immobiliers. Et dans ce domaine, leur pessimisme touche plusieurs points clés. 87 % d’entre eux sont ainsi négatifs quant à l’accès des primo-accédants à la propriété, 80 % au sujet des conditions d’accès au crédit immobilier, 57 % de la stabilité des prix de l’immobilier ou encore 55 % sur les perspectives économiques du secteur. D’une manière générale, la confiance des acheteurs et des vendeurs est un sujet d’inquiétude pour respectivement 59 % et 55 % des professionnels. Ces craintes se confirment sur le terrain puisque 89 % des agents immobiliers ont constaté les difficultés grandissantes rencontrées par les acheteurs pour obtenir un crédit… Près de 6 professionnels sur 10 pointent même une hausse des ruptures de compromis de vente, faute d’accord de la banque, et ce malgré les efforts des acheteurs pour augmenter leur apport en capital, constatés par 63 % des agents immobiliers.
Loi Climat et Résilience : de bonnes mesures mais difficiles à appliquer
Même si 59 % des agents immobiliers constatent une hausse des ruptures de compromis de vente pour les biens de classe énergétique F ou G, les mesures de la loi Climat et Résilience sont perçues sur le principe de manière positive par une large majorité des agents immobiliers. 85 % d’entre eux considèrent ainsi qu’il s’agit d’une bonne initiative. Si la nature des mesures est bien acceptée, le véritable écueil réside dans leur application. 80 % d’entre eux considèrent que les modalités d’exécution sont mauvaises. Manque d’accompagnement des ménages, baisse générale de certaines aides ou encore manque de professionnels pour réaliser les diagnostics obligatoires comme pour mener à bien les travaux… Les craintes des agents immobiliers semblent ainsi faire écho à celles partagées depuis quelques mois par de nombreux professionnels du secteur de la transition énergétique.
Acquéreurs et vendeurs peinent à accepter la nouvelle réalité du marché
Autre difficulté rencontrée aujourd’hui par les professionnels de l’immobilier : après plusieurs mois d’euphorie post-Covid 19, les particuliers ne s’adaptent pas au nouveau contexte du marché immobilier. 8 agents sur 10 constatent ainsi que les vendeurs n’ont pas ajusté leur prix de vente pour suivre l’évolution du marché, et qu’ils préfèrent maintenir, contre leur avis, des prix supérieurs à leur estimation. Quant aux acheteurs, ces derniers semblent jouer la montre : seuls 31 % des professionnels ont observé une accélération des projets, malgré le durcissement des conditions de marché. Autre constat : quelques mois seulement après l’entrée en vigueur de nouvelles obligations de rénovation énergétique, 47 % des professionnels de l’immobilier notent leur utilisation comme levier de négociation. Face à la hausse des tarifs de l’énergie et face aux nouvelles contraintes nées de la loi Climat et Résilience, les biens avec un mauvais DPE ont de plus en plus de mal à se vendre. 37 % des agents immobilier ont ainsi relevé l’exclusion des biens les plus énergivores de la sélection des futurs acquéreurs. 86 % des professionnels constatent ainsi un allongement des délais de transaction.